C’est quelque chose que je ne dis pas souvent, voire jamais, mais qui ce soir se prête doublement à l’occasion : il est temps de lever le camp !
(T. Rossier )
Après 15 jours hauts en couleurs et un bel article confié à nos premiers co-vanlifers, nous voilà montés dans le même manège avec deux nouveaux compagnons de route : Gautier et Julien, qui quittent la grisaille franc-comtoise pour un bout de chemin à nos côtés.
Comme tout le monde, ils veulent aussi leur part du gâteau et ne conçoivent pas un voyage dans l’Ouest américain sans voir ce qu’on a déjà vu ; qui pourrait leur en vouloir ? Et on ne s’en plaint pas : après tout, qui a la chance d’aller deux fois à Yosemite et au Grand Canyon dans le même mois ?
Et l’avantage d’un pays aussi grand que les U.S.A., c’est que l’on peut faire deux fois le même itinéraire, dans les mêmes parcs, sans voir la même chose. Fort de notre première expérience réussie, on essaiera d’éviter certains écueils et de concentrer les efforts là où il le faut.
Comme on a bien compris que le jour se couche tôt à cette période de l’année, et que conduire de nuit dans les petits lacets des parcs nationaux n’est pas une affaire agréable, on essaie cette fois de partir plus tôt de San Francisco pour gagner Yosemite avant la nuit.
C’était sans compter notre petit passage à Cupertino, fief d’Apple, où l’on a rendez-vous avec Titouan pour une petite visite geek du campus de la Pomme. On sort de là avec un T-shirt souvenir en poche (ma seule entorse à la laine Mérinos…) et quelques heures de retard au programme.
Et comme la première fois on arrivera donc de nuit (noire) dans le parc, mais avec beaucoup moins d’appréhension et bien plus d’expertise vis-à-vis des bear-things. Nos deux voyageurs sont accueillis dans la nature par un raton-laveur et un coyote, venus spécialement pour leur souhaiter une bonne nuit. Et une fois de plus, l’enchantement du lendemain matin au réveil n’en est que plus grand lorsqu’on se réveille au milieu de la vallée ensoleillée..


Au programme, une journée chargée de deux ballades : Miror Lake et Mist Trail. À défaut d’observer le Half Dome de loin comme la première fois, on va monter à son pied.
Après un café pas assez chaud (Coleman – Vent : 0 – 1) avalé rapidement, la première promenade se fait les doigts dans le nez, même pour nos deux sédentaires.

À cette saison, le Lac Miroir est plus un Étang Miroir qu’autre chose, mais le petit chemin permet quand même quelques belles photos qui nous feront perdre un peu de temps pour la 2ème ballade — qu’on n’imaginait pas si longue, il faut bien l’avouer.

Il en est donc tout autre pour le Mist Trail, qui fait monter les touristes le long de la Vernal Fall puis de la Nevada Fall pour arriver au sommet de cette dernière, sous le Half Dome.

Il fait chaud, le sentier est escarpé et la pente est importante. Notre entrainement pékinois commence à s’éloigner et on arrive tous à bout de souffle en haut de la première cascade où l’on se fait harceler par des écureuils-voleurs (#balancetonécureuil) qui nous empêchent de déguster correctement un énième (que dis-je ? un ixième !) bagel à l’avocat.


La dernière montée en haut de Nevada Fall est encore plus ardue, et la fatigue de la journée se fait sentir dans nos mollets.


Le point de vue final panse toutes nos plaies, et on peine à imaginer continuer par l’ascension du Half Dome dans l’état où l’on est. Et puis il reste une heure ou deux de jour. Heureusement, contrairement aux randonnées dans le Grand Canyon, la descente vient après la montée !


Après une nuit dans un camping quasi abandonné (avec malgré tout le réveil en fanfare par le ranger à 7h du matin), direction Vegas ! Il faut dire qu’on a été tellement enchanté par notre première visite qu’on a envie d’y faire un second tour. Peut-être pour revoir son autoroute à 8 voies en plein centre ville qui oblige à traverser 2 passerelles et 3 hôtels pour rejoindre le trottoir d’en face ?
Après avoir difficilement englouti un Double-Bypass Burger (traduisez : double pontage coronarien) vêtus d’une blouse de patient et sous la menace d’une serveuse-infirmière dont la longueur de l’uniforme ne respecte pas les règles d’hygiène institutionnelle, on quitte le Heart Attack Grill avec l’impression d’avoir fait beaucoup de mal à notre corps. Julien n’en garde d’ailleurs pas un excellent souvenir, mais évitera in extremis la fouettée par l’infirmière en terminant son burger !


Après une douche au Caesars Palace, direction la Stratosphere Tower : 350m de haut, un point de vue sur toute l’étendue de la ville, et surtout des mini-attractions à son sommet. Vu la tête des manèges, c’est plus des mini-tortures mais on tente l’expérience entre frères.

Après la teneur calorique du déjeuner terminé à 16h, le terme « sensations fortes » prend tout son sens pour nos estomacs. Au menu : XScream, un train propulsé à 50km/h dans le vide et se stoppant net en haut du néant, Insanity Ride, un manège faisant voler les nacelles au-dessus du vide, et Big Shot, un « ascenseur » qui comme vous l’imaginez descend beaucoup plus vite qu’il ne monte.
Cette dernière chute libre a définitivement épanché notre soif de frissons, et la soirée se continue à flâner dans les folles rues de Las Vegas, au milieu de ses habitants dérangés et d’un parc de néons qui nécessite probablement autant d’énergie pour fonctionner que nous auront de malchance au casino.

Même si Julien est le plus chanceux, cette deuxième virée dans les casinos vegasiens ne marque pas pour nous le début d’une nouvelle dynastie de riches propriétaires texans. Et cette fois-ci, pas de RDV à 6h du matin le lendemain pour faire réparer le radiateur du van ! On en profite donc pour veiller un peu (beaucoup) et vivre une nuit digne de la ville. Le lendemain sera un peu difficile mais, heureusement, personne ne se réveillera la bague au doigt…
Une fois n’est pas coutume, impossible d’arriver au Grand Canyon à l’heure pour le coucher de soleil. Décidément, ces Walmart géants auront notre peau et notre temps et il faudra attendre un jour de plus pour admirer les couleurs du canyon.

On s’attaque le lendemain à un trail plutôt corsé, comme on avait pu le faire lors de notre première visite du parc. (Mal)heureusement pour nous, le temps n’est pas au plus beau et on nous conseille de ne pas descendre trop profond dans le canyon ; pour éviter d’être loin du plancher des vaches quand la pluie se mettra à tomber et que l’eau déferlera le long des falaises pour remplacer les sentiers par des toboggans sans piscine.


C’est aussi l’occasion de se rendre compte que nos harceleurs d’hier nous ont suivi. Leur regard sournois en dit long sur leurs velléités (#ustoo) mais nous arriverons à les semer.

Le manque d’exploit sportif et la pluie froide nous poussent vers les bras chauds et confortables de la culture puisqu’on terminera la journée par le musée du site, et la visite de ruines indiennes — peut-être un peu trop en ruine à notre goût.

Depuis les vestiges d’une ancienne tour de garde, on aura alors enfin droit aux adieux du soleil au fond du canyon , où l’astre part se coucher dans le lit du Colorado.


Ce soir là, durant une soirée de camping près du Lake Powell qui s’annonçait tout aussi radieuse, Marie et Gautier inventent sous nos yeux ébahis la balle au prisonnier au bacon brûlant, actuellement en cours d’homologation pour les J.O. (d’Hiver ou d’Été ? On hésite…)
Sous les regards brillants et admiratifs des spectateurs (un chien errant et trois poissons), la première action se déroule dans la hâte avant même l’élaboration d’une tactique de jeu ; ce qui se fera vite ressentir.
Le bacon est au centre du terrain, brûlant, en flamme, mais isolé sur la grille qui surplombe le feu de camp, et sans prédateur de l’équipe adverse à proximité. Gautier et Marie, mus par la faim de victoire et de viande, se jettent un regard approbateur comme pour consentir à un plan de jeu imaginaire. Hargneux à l’idée même de manger végétarien en cas de défaite, Gautier se jette dessus, s’empare du graal armé de spatules, et fait la passe pendant que Marie se démarque, son assiette en main.
Après cette passe d’une grâce à couper le souffle, Marie s’élance, réceptionne le bacon en fusion in extremis par sa main droite et marque le premier point. Éclats de joie puis de douleur, feu d’artifice dans nos yeux puis sur sa main. On fait péter les bouteilles de bière et les pots de pommade grasse. Je siffle la fin de la victoire. Le coach Meyer râle : la victoire aurait été plus grandiose en écoutant sa stratégie, et sans envoyer de membre de l’équipe à l’infirmerie.
Qu’importe : on aura des protéines et du gras au dîner. Et en soi le jeu est sympa si l’on n’oublie pas de s’équiper. On en discutera longuement à la lueur des flammes de notre dernier feu de camp américain, la bouche plein de S’mores plus ou moins réussis.

Après cette introduction à la culture native du pays la veille, on rejoint le territoire Navajo pour plonger à nouveau dans les entrailles de l’Antilope Canyon. Cette fois-ci on visitera la gorge supérieure. Plus profonde et plus sombre, on s’y sent beaucoup plus enfermé, mais la visite guidée permet de découvrir quelques « secrets » qu’on aurait probablement découverts lors de notre première visite si on avait été plus attentifs ! 😉


La visite de la région oblige forcément un passage par Horseshoe Bend et là où Tanguy faisait son malin en position du poirier, Gautier fait lui aussi son malin en escaladant la paroi. Finalement, seule Marie ne fait pas la maligne en continuant les attaques de panique dès que l’un de nous s’approche à moins de 2m du bord. Comprenez bien : elle y est la seule autorisée bien entendu !




Le lendemain, après avoir couru contre la montre tout le séjour, il semble que les divinités qui nous accompagnent durant ce voyage soient devenues clémentes puisqu’elles nous permettent, pour la première fois, d’arriver quelque part avant la nuit noire.
Après une interminable journée de Route qui fera l’objet d’un prochain article, on arrive à Los Angeles et on remplit l’objectif de voir le soleil s’endormir dans le Pacifique à travers la grande roue de Santa Monica.

Gautier en profitera pour faire l’intéressant avec les locaux et dépensera quelques calories américaines en parcours sportifs sur la plage.

Dans la plus grande ville de Californie, on restera deux jours. Le premier jour est passé en compagnie des dinosaures et des zombies, durant une révision de nos classiques cinématographiques au parc des studios Universal, mélange d’attractions, de spectacles et de visites.


On se balade notamment dans un Springfield grandeur nature et on boit de la Bièraubeurre en compagnie de centaines de mini-sorciers venus découvrir Poudlard admiratifs.


La visite guidée du parc de décors permet de revivre certains grands classiques des studios Universal, vestiges d’un cinéma d’antan moins numérisé. Au final, une journée aussi ludique qu’instructive pour tout cinéphile amateur.


Ce soir là, on rencontre la vieille Hollywood, donnant l’impression d’une dame âgée sous crack : pauvre, folle, abandonnée et sentant l’urine ; bien loin de son passé fastueux et clinquant.

À défaut de briller dans nos yeux, les étoiles sont bien là, ancrées dans le sol de la longue Hollywood Walk of Fame, où l’on s’amuse à chercher nos (anciens) héros.



Le lendemain, derniers instants américains de nos deux acolytes. On termine l’aperçu de L.A. par le parvis du Grauman’s Chinese Theatre où bon nombre de stars y ont laissé leurs empreintes.


La matinée se continue par une séance de paparazzisme afin de trouver un point de vue correct sur les fameuses lettres blanches.



Enfin, leur quinzaine se terminera par une promenade à Beverly Hills, contraste saisissant avec notre vanlife. On avale un dernier burger — malheureusement immonde — sur la route de l’immense LAX Airport où l’on abandonne Gautier et Julien pour de nouveaux horizons.

Il fait très chaud, on a peu dormi ces derniers jours, et on a déjà dépensé le peu d’argent gagné à Vegas pour acheter de la viande séchée… C’est ainsi qu’on termine notre seconde conquête de l’Ouest, comme les tous premiers chercheur.e.s d’or : désabusés, les poches vides, nostalgiques des grands espaces, mais riches de beaux souvenirs et d’une folle envie d’y revenir tenter notre chance.
Quentin
P.S. : Après moult cosmétiques, incantations de « barreurs de feu » (à distance), pommades indiennes (et un peu de science et de privation quand même), la brûlure a finalement guéri. Ce fut long… mais l’aventurière est fière de sa blessure de guerre !
Hola Marie et Quentin, Mon Dieu (OMG) Marie la photo de ta main m’a fait grince des dents. Ta main etait bandee quand je vous ai rencontre a Color Marino camping au Mexique. J’ai remarque que ce blog a fait reference seulement au cafe de 0-1 sur ton echelle! La photo du coeur du canyon est « out of this world ». Walk of Fame…Shame: Wow touche: you’re good! Je suis etonne par votre connaissance de la culture Nord Americaine. La photo des Canyon Boys et Mary est sympa. Heureuse de pouvoir partager vos experiences avec vous via votre blog. Et oui j’ai rit dans celui ci quand Marie a ete taquinnee a Universal!….Je susi de retour a Color Marino jusqu’a mars – ca me manquait – le manque de bruit!…Adele
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Sublime, le voyage et bravo pour l’article. Nous y étions l’été dernier https://mamanparis16.wordpress.com/2017/08/24/notre-conquete-de-louest-preambule/ , https://mamanparis16.wordpress.com/2017/09/23/parcs-naturels-et-autres-escapades-de-la-cote-ouest-des-us/ (presque le même périple) – ça m’aurait bien fait flipper le coup d’arriver avant la nuit, mais partir sans enfant aide carrément en la matière!!
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c’est magnifique et magique. Merci de nous faire partager ces bons moments!!!
J’espère que la main de marie est guérie.
Grosses biz.
Domi.
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